mardi 12 octobre 2010

Merdier patrimonial

Avez-vous déjà mis les pieds à l'opéra? Ce grand théâtre que l'on vante pour son glorieux passé, cette machine à trier le bon et le mauvais, l'examen de passage qui en a fait couler plus d'un? Y avez-vous mis les pieds, ces quelques années passées? En voici le portrait:

Le bâtiment

Rien d'extraordinaire, mais il est là. Il ferme une courte perspective qui possède son charme. On approche, les abords sont excessivement sales et désagréables. Entre boutiques de luxe et bars à putes, ce quartier que n'importe qu'elle ville d'Europe aurait fait piétonnier grouille de bagnoles et de scooters. Bon ça ne fait rien, c'est le cas de toute la ville. L'architecture, monumentale, est tachée de trois portiques rouge vif et temporaires. Pourquoi? Pour déployer tous les honneurs de la garde? Que nenni, c'est pour éviter que des fragments de façade ne viennent abruptement achever la soirée (la vie?) d'un mélomane. Et à y regarder de près, en faisant le tour de l'édifice, on se rend compte de l'état pitoyable de l'ensemble. Ici, c'est l'armature du béton qui est à nu, là c'est l'effritement qui laisse des traces sur le trottoir. Mais bon, il faut croire que la Ville, comme à son habitude, n'a que faire de la sécurité de ses citoyens. Faudra-t-il attendre l'effondrement d'une tour d'escalier, un soir de gala, pour pleurer?

L'intérieur

Il vaut bien l'extérieur. Portes fermées par des chaînes pour canaliser le public, mini-guichet pour récupérer les billets, escalier aux tapis sales, toiles défoncées, relents d'essence venant de dehors, absence d'ascenseurs, sculptures abîmées... Une montée aux enfers! Ou l'impression de visiter l'opéra de Sarajevo au milieu des années 90.

La salle

Où est la toile plafonnante? Ne me dites pas qu'un élu, encore, l'a volée! Quelqu'un a-t-il donc un aussi grand salon? Probablement déchirée, bouffée par les rats, oubliée... Au Paradis (c'est le nom qu'on donne au poullailler bien trop inconfortable pour les poules), entre les sièges défoncés qui vous ramènent les genoux dans la gueule et la chaleur étouffante venue des étages inférieurs, on se demande ce qui causera le plus rapidement un malaise.

Silence, le spectacle va commencer

Silence? Entre les retardataires qu'on laisse entrer, et qui laissent battre les portes, et les employés qui discutent dans les accès, l'ouverture est bien souvent enterrée par le bruit. A moins que ce ne soient les moteurs de la rue qui entrent par le système sophistiqué d'aération que constituent les minuscules fenêtres des cages d'escalier. Ou le "Putain con!" crié par celui qui vient d'échapper un fût de bière ou je ne sais quoi dans un couloir. Je ne sais ce que je préfère, peut-être tout à la fois?

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